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Frédéric Chopin Marseillais

Il y a des cadeaux inoubliables et celui reçu récemment en est un : une nuit au Grand Hôtel Beauvau à Marseille, quatre étoiles somptueux aux chambres classieuses et vue imprenable sur le Vieux-Port. Ce présent, je l’ai d’autant plus savouré qu’il fut agrémenté d’un moment de grâce : la visite de la suite Frédéric Chopin. Suivez le guide,  Mélik Boukhris, employé de l’Hôtel, lui aussi impressionné  par l’endroit.

Frédéric Chopin arriva à l’Hôtel Beauvau en février 1839, accompagné de son amante George Sand, après un séjour aux Baléares. Il allait très mal, il souffrait d’hémorragie pulmonaire et avait besoin de repos. Le compositeur et sa compagne restèrent à Marseille jusqu’au mois de mai. Pendant trois mois, ils ne quittèrent guère cette élégante suite.

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Alphonse de Lamartine, Niccolo Paganini, Prosper Mérimée et Jean Cocteau séjournèrent également dans cet hôtel.

Ecouter Chopin sur Deezer

Le Grand Hôtel Beauvau

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L’OM, ma mère et moi

Oui je l’avoue, j’aime l’Olympique de Marseille, LE club de ma ville. Ce sentiment, comment échapper aux banalités pour le décrire ? Allez, je me lance. J’aime l’OM d’abord parce que ma maman y joua dans sa jeunesse. Oui, ma mère fut Olympienne !

Ce club qui est le premier de France à avoir remporté la Coupe d’Europe des clubs champions – cela fera 20 ans le 26 mai prochain – je l’aime aussi parce qu’il me fait souvent faire le yoyOM, comme hier en fin d’après-midi devant OM – VA sur Canal+. J’ai d’abord été frustré par la faiblesse du jeu proposé, la frilosité, le manque de créativité, le piètre spectacle offert. Droit au but, la devise, escapée je ne sais où. J’ai râlé devant mon poste, j’ai marronné. Et puis soudain en toute fin de match, la petite étincelle qui change tout. Le sourire revient et prend le pas sur la frustration. Rod Fanni s’arrache pour donner la victoire à l’OM et j’applaudis comme un fada. Soulagé. Heureux comme tout.

C’est ça l’OM. Décourageant et enthousiasmant. Horripilant et magnifique. Mesquinous et grandiose. Affligeant et bluffant. Plein de contradictions. A l’image de Marseille. Tout simplement vivant. A échelle humaine.

Il me faut aussi confesser la honte que je ressens souvent en écoutant ces chants minables monter des virages du Stade Vélodrome

Lorsque je suis au stade, j’avoue que ce spectacle-là m’afflige, quand bien même les plus idiots des supporters du PSG entonnent eux aussi des chants « anti marseillais ». Dimanche-prochain, je serai bien évidemment à fond derrière l’OM qui monte à Paris défier le PSG. J’espère une victoire bien sûr. Mais j’attends surtout que les joueurs se souviennent de ce que disait ma mère, la volleyeuse olympienne : pour elle comme pour ses copines au maillot blanc, « c’était d’abord jouer » qui comptait.

Je vous recommande le très connaisseur site SoFoot. On y parle football d’une façon décalée, avec humour et finesse, ce qui me plaît beaucoup.

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Presse en débat, Tapie en procès, mescle marseillaise frustrante

Je suis retourné hier-soir à La Criée à Marseille. Là où il y a plus de vingt ans j’étais venu applaudir Marcel Maréchal et son merveilleux  » Maître Puntila et son valet Matti « , j’étais convié à participer à  » une soirée exceptionnelle en défense de l’information indépendante et de la liberté du débat public  » organisée par trois médias : Mediapart, Marsactu et LeRavi.
Dans la grande salle bondée du Théâtre National – 800 personnes dedans, 200 restées à la porte – nous n’avons pas vécu un grand moment de débat, non. Pendant une bonne heure, c’est plutôt à une conférence que nous avons eu droit, avec l’intervention de quelques signatures : Laurent Mauduit documenté, Michel Samson pertinent, Philippe Foulquier décevant et Jean Kéhayan consternant, osant mettre en balance les intelligents et les buveurs de pastis ! Michel Gairaud du Ravi et et Pierre Boucaud de Marsactu ont fait eux aussi entendre leur voix pour une presse indépendante de qualité à Marseille, mais la soirée a illico pris le visage d’un procès. Le procès de Nanard, Bernard Tapie, qualifié de gangster et de danger pour la liberté de la presse et la démocratie. Bien. OK. Des journalistes marseillais, dont quelques uns de La Provence – rachetée par Tapie -, se sont ensuite exprimés. Mais de débat, point. Juste le sentiment bizarre d’avoir vécu une soirée découpée en tranches de paroles, plus ou moins fines, plus ou moins goûteuses, mais dénuée de ce qui fait tout le sel d’un vrai débat : la contradiction. Restant sur notre faim, nous avons été quelques uns à rêver en secret que soudain, Nanard fasse irruption dans cette grande salle et vienne porter la contradiction, à la marseillaise***, à ceux qui le montraient du doigt***.
Allez, de cette soirée frustrante, je retiendrai tout de même que l’envie de débat a rassemblé des centaines de personnes à La Criée, ce qui n’est pas un mince succès. J’ai également beaucoup apprécié l’humour précis des dessinateurs du journal LeRavi, entre autres Na ! et Nakata. Et je n’oublierai pas le moment le plus lumineux : l’intervention vibrante d’Eddy Plenel consacrée au besoin de journalisme et à la démocratie

***A Marseille le 20 avril 1936, lors d’un meeting sur la Place Marceau – non loin de la Belle de Mai – le dirigeant communiste François Billoux alla directement porter la contradiction à Simon-Pierre Sabiani, qui avait fait main basse sur la ville, épaulé par les gangsters Spirito et Carbone. 

***Je ne suis nullement tapiste. L’ancien patron de l’OM est certes critiquable, et à plusieurs titres. Mais j’ai horreur des procès. Surtout en l’absence de l’accusé.

***A lire sur Mediapart le billet de Ellemra consacré à cette soirée.

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Le Titanic dans le Vieux-Port

Le Titanic dans le Vieux Port, quelle image étonnante !

Titanic Marseille

Cette image a été conçue par Creatsitedesign, une agence de Web Design basée à Marseille.
Le célébrissime bateau amarré dans le berceau de la plus vieille cité de France, je trouve l’idée originale et amusante, mais pas seulement. Elle suscite en moi quelques questions :
Cette image symbolise-t-elle le futur de Marseille, désormais dédié au seul tourisme, aux croisières, aux méga-yachts ?
Ce Titanic « narguant » l’Hôtel de Ville incarne-t-il le naufrage annoncé de l’équipe municipale en place depuis 15 ans ?
Ce paquebot de légende associé à la fortune de mer ressemble-t-il au destin promis à celles et ceux qui à Marseille se déchirent et s’entretuent en rêvant de la place ?
Et l’iceberg promis à ce Titanic marseillais ? Où se trouve-t-il ? Peut-être se niche-t-il en secret dans l’immense mélange de voix rentrées, les voix de tous ceux qui rêvent d’un Marseille apaisé, tranquille, fraternel, figure de proue d’un art de vivre simple comme un lancer de palangrotte à la mer…
Allez, un petit bonus pour rendre hommage à ces générations de travailleurs qui à Marseille comme ailleurs construisirent et réparèrent des grands et des petits bateaux
Pour plus d’images de la créative agence Creatsitedesign, c’est ici

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Le quartier du Panier à Marseille repère de la « pègre internationale »

Il y a 70 ans jour pour jour à Marseille, l’armée allemande et la police de Vichy dirigée par René Bousquet menèrent une vaste rafle dans les quartiers du centre-ville : l’Opéra, le Panier et le Vieux Port. Des milliers de personnes, dont 250 familles juives furent arrachées de leur logement. 1.642 hommes, femmes et enfants furent déportés vers Sobibor. Il suffit de regarder cette photo pour imaginer le bruit des talons sur le pavé, la voix des soldats, le claquement des portes des wagons et le sinistre cri de la locomotive conduisant tous ces malheureux vers l’horreur absolue des camps de la mort.

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Quelques jours après cette rafle, le 1er février 43, les nazis firent procéder à la destruction du quartier du Panier, qualifié de « chancre de l’Europe » et de « repère de toute une pègre internationale ». Voici comment le JT de l’époque, France Actualités, osait raconter cet évènement, sur 56 petites secondes…

Vous pouvez retrouver ce document en images sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel.  La Fondation pour la mémoire de la Shoah et le Mémorial de la Shoah oeuvrent pour transmettre cette mémoire, notamment auprès des jeunes.

 

 

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Les appels de l’Abbé Pierre

Ce midi, en m’adonnant comme chaque jour à ma petite séance Twitter, je me suis arrêté sur un tweet  renvoyant à l’article du jour publié par Guy Birenbaum sur le site huffingtonpost.fr. J’ai lu puis relu cet article et au delà des sentiments de honte et de découragement partagés avec Guy Birenbaum, j’ai eu envie d’entendre  – de réentendre – la voix de l’Abbé Pierre – disparu donc il y a 6 ans jour pour jour – lançant sur Radio Luxembourg le 1er février 1954, au beau milieu de l’hiver, son appel à la « l’insurrection de la bonté » comme l’écrivirent certains journaux de l’époque. En voici un extrait

40 ans plus tard, 5 millions de Français – parmi 40 millions d’Européens – étaient mal logés. 4 décennies plus tard donc, pour tenter à nouveau de secouer notre bonne vieille démocratie civilisée, cafie (« pleine » en marseillais) de bons sentiments, de grandes déclarations d’intention et de belles promesses – et tour à tour gaullienne, pompidollienne, giscardienne et mitterrandienne – L’Abbé Pierre lançait un nouvel appel, sur RTL…

Aujourd’hui, 59 ans après le 1er appel de l’Abbé Pierre, la France compterait 200.000 personnes sans abri et 8 millions 600.000 en dessous du seuil de pauvreté.

A Marseille, une enquête vient d’être ouverte pour rechercher les causes de la mort d’un homme de 46 ans sans domicile fixe, samedi dans une unité d’hébergement d’urgence de la ville. Au quotidien, de nombreuses associations humanitaires viennent en aide concrètement aux personnes en grande difficulté. Le Collectif Les Morts de la Rue honore les SDF disparus et mène des actions pour dénoncer les causes souvent violentes des morts de la rue, pour qu’ils aient droit à des funérailles dignes de la personne humaine et pour accompagner les personnes en deuil, sans distinction sociale, raciale, politique ni religieuse.

 

 

 

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MP2013 # 7 Le Dernier Cri

Pour clore cette série de sons MP2013, un crochet par La Friche Belle de Mai et petit coup de projecteur sur Le Dernier Cri. Cette maison d’édition underground  – créée en 1992 par Pakito Bolino – est dédiée à la sérigraphie et s’est spécialisée dans le graphisme et la BD. Plus de 300 titres publiés depuis. Tout au long de l’année, Le Dernier Cri accueille aussi des expositions.

Jusqu’au 13 février donc, le Tampographe Sardon expose au Dernier Cri. Ses tampons sont déjà culte d’autant que dans le lot, il y en a tout une ribambelle sous l’étiquette  » Injures marseillaises « . Un petit florilège : bordille, figure de poulpe, va te faire une soupe d’esques ou encore va caguer à Endoume dont parle l’historien et académicien marseillais Pierre Echinard ici-même.

Allez, avant de m’envoler vers d’autres cieux – mais bien sûr je reviendrai à Marseille – un mot sur le jeune homme que vous venez écouter nous présenter Le Dernier Cri. Il se prénomme Julien. Sous son nom d’artiste Jurictus, il a publié 3 livres, 3 pochettes de disque fictives, conçues dans un délire psychédélique influencé par le rock et le métal.

 

 

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MP2013 # 6 Mon Vier met le oaï

C’est l’hymne officieux de Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture : « Algarade 2013 « , interprété par Mr Jack et Garage, deux membres du groupe aixois Mon Vier. La chanson y va de bon coeur ! Nos deux showmen envoient les pieds sur la politique culturelle à Marseille depuis un demi-siècle, pas moins ! En fait, ce titre reggae aïoli délibérément humoristique dénonce la mise à l’écart d’une partie de la population de Marseille – rien ou pas grand chose dans la programmation officielle pour les quartiers notamment populaires, c’est vrai – et d’une partie des acteurs musicaux et culturels de la ville. Par exemple, ce qui leur hérisse le poil, c’est que MP2013 ait programmé David Guetta cet été, mais ni IAM, ni Massilia Sound System ou encore Moussu T e lei Jovents par exemple. Pour Mon Vier  – je veux dire pour le duo de chanteurs – MP2013 se résume à une opération touristico-immobilière coupée du vivier d’ici. Alors, ils se moquent, ils balarguent, ils se lâchent et ça donne ça
De cette chanson, Mon Vier a fait un clip  diffusé sur le net. “L’idée c’est d’affirmer qu’il y a une alternative à la situation actuelle, soulignent Mr Jack et Garage. Mais surtout, de dire que de cette situation, il vaut mieux vaut en rire qu’en pleurer ! ”.
Bon, au fait, Vier, ça veut dire quoi ? Les Marseillais connaissent ce mot bien sûr, mais les autres, les estrangers ?
La définition, l’historien et Académicien de Marseille Pierre Echinard vous la donne dans son Dictionnaire du marseillais, en reconnaissant tout d’abord que le Marseillais, les gros mots, il aime !
Et parmi les mots grossiers qui fleurissent dans la bouche des Marseillais, il y a aussi pachole et donc mon vier !
Promis, demain, finis les gros mots ! Nous prendrons un peu de hauteur à La Friche de la Belle de Mai.

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MP2013 # 5 Une chanson officielle mezzo mezzo

Comment trouvez-vous « Export – Import », la chanson officielle de Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture, signée Gari Grèu ? Hein, quoi, vous marquez un temps d’arrêt ? Vous regardez le bout de vos nébulonis* ? Bon, moi je vais vous dire. La musique, j’aime bien. Le rythme qui boulègue donne envie de danser avec Flavia Coelho – la chanteuse brésilienne associée à Gari sur ce titre – le Panama bien calé sur la tête, de profiter d’un petit mojito et de re-danser avec Flavia Coelho. Mais les paroles, comment dire… les paroles me laissent sur ma soif. Dénuées de souffle poétique, sans le moindre zeste de lyrisme, elles semblent avoir été écrites en deux temps trois mouvements, à la six-quatre-deux si vous préférez. Un petit extrait pour vous faire une idée : « export-import, la nuit comme le jour, au 1er mai,  au nouvel an, au départ, au retour, ici on chante tout le temps ». Un peu léger, un peu fade, je trouve. Gari Grèu a déjà été plus inspiré, non ?

 
Il y a un peu plus de 5 ans, j’avais rencontré Gari Grèu lors de sa tournée  » Oai e libertat  » avec Massilia Sound System  et il m’avait parlé sans fadeur de sa perception de Marseille
A méditer aussi, avec l’image en plus du son, les propos épicés et sans langue de bois de Gari Grèu interviewé en février 2012 par Mativi Marseille, une chaîne de télévision indépendante sur Internet.
*mocassins brillants en vogue chez les càcous** dans les années 70 
**individu frimeur, vaniteux, qui soigne son apparence de manière ridicule (Dictionnaire du marseillais – Académie de Marseille – 2006)

 

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MP2013 # 4 La voix d’Izzo

Cela m’attriste, MP 2013 n’a accordé aucune place à Jean-Claude Izzo, disparu en 2000, le créateur de Fabio Montale, le flic romantique et tourmenté de Total Khéops, Chourmo et Soléa, l’auteur entre autres des Marins Perdus et du Soleil des mourants. Mis à part dans la voix de certains tchatcheurs du BabilHome – réécoutez l’article d’hier – Izzo est absent de la programmation,  désespérément absent. Heureusement, France Culture a de la mémoire. La station n’a pas oublié l’écrivain et poète marseillais et a rediffusé l’émission qu’elle lui avait consacrée en 2007.  Jean-Claude Izzo y parle peu mais il parle… du bonheur

Autre pépite émouvante extraite de cette émission : Izzo évoque son travail d’écrivain

Jean-Claude Izzo était aussi parolier de chansons. Ecoutez celle-ci, Nighthawks de Jean-Guy Coulange, inspirée du fameux tableau d’Edward Hopper

Treize ans après sa disparition, Jean-Claude Izzo conserve une dimension mythique. Ses aficionados qui viennent à Marseille se rendent sur les lieux où vivent ses romans et leurs personnages. C’est un sillon de lumière profond qu’il a creusé à travers ses romans et ses poèmes. Un sillon dans  lequel d’autres auteurs ont pu semer leurs graines pour raconter Marseille, les Marseillais, leurs galères, leurs espoirs et leurs bonheurs.

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