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Le retour des grues

Les grues sont de retour. Les avons aperçues l’autre soir. M’ont inspiré ce court poème.

Calligraphie tremblante

Elles sont passées sans prévenir
Bien au-dessus des toits
Calligraphie tremblante
Hésitante et pourtant
Points de suspension lancés dans le ciel bas
Comme un essaim éclaté
Une noria de nuages éparpillés au vent
Une flotte de barques accrochées à leur cap antique
De retour de pays plus chauds.

Mentons tendus vers ce large V gris foncé
Nous avons écouté les grues chanter.

Se rapprocher du printemps.

À retrouver, ainsi que d’autres textes, sur mon blog carnetdemarseille.com

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Dominique Hasselmann, promeneur à fleur de ville

Il manque une bouteille de vodka est le texte publié hier par Dominique Hasselmann sur son blog Métronomiques. Comme un écho à la Jachère mise en ligne dans le même temps sur mon blog CarnetDeMarseille. À Paris comme ailleurs, le quotidien des personnes sans-abri arrache nos coeurs tout autant qu’il laisse sourdre nos mots indignés.

Paris. Les rues de Paris. Ses places et ses carrefours. Sa Seine et son Canal Saint-Martin. Ses gens isolés et ses foules. Dominique Hasselmann les côtoie, les respire, les écoute, les photographie et s’en imprègne tel un grand buvard coloré qui rougit de plaisir et rugit de colère aussi parfois. Promeneur poète, il m’invite à partager ce regard tendre et décalé sur sa ville. Cette capitale si loin et si proche à la fois de mon Marseille. Métronomiques se nourrit aussi de la passion  de Dominique pour le cinéma et la littérature. Sans oublier le jazz qui ponctue bien souvent avec délicatesse son billet du jour.

Dans le métro égaré, Dominique Hasselmann l’a publié début novembre. Paris, là encore. Paris en sous-sol. Avec ses bruits, ses solitudes et un hommage en teinte douce à Rémi Fraisse qui m’a bouleversé. Métronomiques sait aussi parler politique.

Ces deux poèmes m’ont séduit également par leur mise en forme. Ils apparaissent comme dessinés sur la page, à la façon des Calligrammes de Guillaume Apollinaire. Un clin d’oeil amical et admiratif au poète décédé en 1918, l’année de la publication de son livre.

Dominique Hasselmann est aussi sur Twitter @dhasselmann

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L’assassin assassine

Prendre le temps de prononcer  » assassin assassine « . Posément d’abord, en savourer le sifflement, et puis de plus en plus vite, en lançant vers la cible salves de salive et de sourires sensuels. Amusant et troublant, comme ce titre de Benjamin Diamond, déniché, comme souvent, grâce à Twitter. C’est le DJ marseillais  – et animateur sur Radio Grenouille – Anticlimax qui m’a ouvert les oreilles sur ce titre. J’adore.
Anticlimax sur le net
L’assassinChaque matin quand je me lève
Une femme se dresse devant moi
Elle ressemble à tout ce qu’hier
J’ai vu de l’univers

Le jour d’avant j’ai pénétré
Dans cette chevelure
Forêt profonde forêt obscure
Où poussent et s’entrelacent
Les branches de mes pensées
Et aux usines de la face
Ô mon ennemie matinale
On fondait et façonnait hier
Tous les métaux de mes paroles

Et dans ses poings qui la défendent
Masses de fonte impitoyables
Je reconnais je reconnais
Les marteaux-pilons
De ma volonté

MON ALAMBIC vos yeux ce sont mes ALCOOLS
Et votre voix m’enivre ainsi qu’une eau-de-vie
Des clartés d’astres saouls aux monstreux faux cols
Brûlaient votre ESPRIT sur ma nuit inassouvie

JE suis au bord de l’océan sur une plage,
Fin d’été : je vois fuir les oiseaux de passage.
Les flots en s’en allant ont laissé des lingots :
Les méduses d’argent. Il passe des cargos
Sur l’horizon lointain et je cherche ces rimes
Tandis que le vent meurt dans les pins maritimes.

Je pense à Villequier  » arbres profonds et verts  »
La Seine non pareille aux spectacles divers
L’Église les tombeaux et l’hôtel des pilotes
Où flotte le parfum des brunes matelotes.
Les noirceurs de mon âme ont bien plus de saveur.

Et le soleil décline avec un air rêveur
Une vague meurtrie a pâli sur le sable
Ainsi mon sang se brise et mon cœur misérable
Y déposant auprès des souvenirs noyés
L’échouage vivant de mes amours choyés.

L’océan a jeté son manteau bleu de roi
Il est sauvage et nu maintenant dans l’effroi
De ce qui vit. Mais lui défie à la tempête
Qui chante et chante et chante ainsi qu’un grand poète.

La nuit descend comme une fumée rabattue
Je suis triste ce soir que le froid sec rend triste
Les soldats chantent encore avant de remonter

Et tels qui vont mourir demain chantent ainsi que des enfants
D’autres l’air sérieux épluchent des salades
J’attends de nouveaux poux et de neuves alertes
J’espère tout le courage qu’il faut pour faire son devoir
J’attends la banquette de tir
J’attends le quart nocturne
J’attends que monte en moi la simplicité de mes grenadiers
J’attends le grog à la gnole
Qui nous réchauffe
Dans les tranchées
La nuit descend comme une fumée rabattue
Les lièvres et les hases bouquinent dans les guérets

La nuit descend comme un agenouillement
Et ceux qui vont mourir demain s’agenouillent
Humblement
L’ombre est douce sur la neige
La nuit descend sans sourire
Ombre des temps qui précède et poursuit l’avenir(Guillaume Apollinaire 1880 – 1918)

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Stéphane Hessel poète

La poésie a accompagné Stéphane Hessel pendant  toute sa vie. Il prenait plaisir à réciter ses poèmes préférés qu’il connaissait par coeur. Fin 2011, il en enregistra une vingtaine, publiés par les Editions Indigène sous la forme d’un livret-disque, un joli coffret orange intitulé « Une voix pour la poésie », au profit du Réseau Education Sans Frontières. J’en ai choisi deux, écrits par Guillaume Apollinaire
Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Adieu

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps Brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends

Les matins de France Culture ont rendu hommage à Stéphane Hessel

L’hommage de France Inter

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Mon fils, sa flûte et Ludwig van

Mon fils Marius aime jouer de la flûte. A l’école, il apprend des morceaux qu’il révise consciencieusement à la maison. Il s’applique et parfois il s’énerve aussi un peu. J’avoue que ça me plaît beaucoup de le voir ainsi se concentrer pour m’offrir par exemple l’Hymne à la joie du grand Ludwig van Beethoven

Lorsque Marius sera un peu plus grand, je lui raconterai que Ludwig van Beethoven ( 1770 – 1827 ) composa l’Hymne à la joie sur le poème l’Ode à la joie écrit par Friedrich von Schiller en 1785. Je lui dirai aussi que ce morceau est surtout connu comme final de sa 9ème Symphonie et qu’il a été interprété de plusieurs façons : grand orchestre ou formation de musique de chambre

Je réciterai aussi à mon fils deux vers du poème de Schiller, qui résument à eux seuls l’idéal de paix du poète allemand  :

« … Alle Menschen werden Brüder
Tous les hommes deviennent frères
Wo dein sanfter Flügel weilt
Là où tes douces ailes reposent… »
Ces ailes sont celles de la joie, célébrée par Schiller dans ce poème qui exalte l’unité et la fraternité humaine.

Ludwig van Beethoven sur France Musique

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