Joan Pau Verdier, le poète et chanteur occitan fait partie de la longue liste des artistes qui ont chanté » l’Affiche rouge », ce sublime poème d’Aragon écrit en 1955 pour rendre hommage aux 22 membres des Francs tireurs et partisans – Main d’oeuvre immigrée morts pour la France, fusillés par les nazis au Mont Valérien le 21 février 1944 *. Sur cette liste figurent aussi bien sûr Léo Ferré, Leny Escudero, HK, Marc Ogeret… et Bernard Lavilliers.
70 ans après leur assassinat, la mémoire de ces résistants communistes se perpétue, notamment chez moi, à Marseille, où depuis 2010, un square est dédié à Misak Manouchian, que les nazis qualifiaient de chef de bande. Une statue du résistant communiste arménien surplombe l’entrée du Vieux Port. Ce samedi 22 février aura lieu sur ce square une cérémonie du souvenir.
* La seule femme du groupe, Olga Bancic, a été décapitée le 10 mai 1944.
Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
 Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
 Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
 Vous vous étiez servi simplement de vos armes
 La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
 Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
 Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
 L’affiche qui semblait une tache de sang
 Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
 Y cherchait un effet de peur sur les passants
 Nul ne semblait vous voir Français de préférence
 Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
 Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
 Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
 Et les mornes matins en étaient différents
 Tout avait la couleur uniforme du givre
 A la fin février pour vos derniers moments
 Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
 Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
 Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
 Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
 Adieu la vie adieu la lumière et le vent
 Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
 Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
 Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
 Que la nature est belle et que le cœur me fend
 La justice viendra sur nos pas triomphants
 Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
 Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
 Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
 Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
 Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
 Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
